La Tête

Première expérience d'écriture à trois, voici le premier vrai CADEX du groupe Scriiipt.
Il s'agit d'un texte qui porte le titre de :
LA TETE

LA TETE

LA TETE

Cadex

par

Isolino, Jean-Luc et David



25/11/2007
2 Poster un commentaire

"Une tête dans le mur ?"

"Une tête dans le mur ?"

La mère ne cessait de répéter cette question.

Le petit dernier refusait désormais de dormir dans sa chambre. Il disait que sous la fenêtre, dans le mur, une tête lui parlait la nuit. Ce n'était pas un cauchemar, ce n'était pas un rêve, il affirmait avec force et conviction qu'elle lui racontait des histoires dès que le soleil se couchait et ça l'empêcher de dormir.

Il n'était cependant pas effrayé, mais sa mère oui...

Elle se tenait à la fenêtre, tournant le dos au petit qui finissait son bol de lait. Elle regardait le fond du jardin avec anxiété. Son regard se porta un petit moment sur le carré de broussailles qui avait continué à pousser de l'autre côté des rosiers.

Au bout d'une minute elle se décida à décrocher son regard des ronces et du chiendent. Elle  contourna la table et s'accroupit auprès de son fils. Ce dernier tourna son visage vers elle, une petite moustache de lait au dessus de la bouche.

- T'es inquiète maman ?

Elle lui passa la main dans les cheveux.

- Non, c'est rien.

Elle lui fit un sourire pour le rassurer. Elle hésita un moment. Il fallait qu'elle soit sure cependant.

- Qu'est-ce qu'elle t'a racontée cette tête Lino ?

Le petit ôta ses coudes de la table et leva les yeux au plafond comme pour se souvenir.

- Elle me raconte des histoires d'il y à très longtemps. Des histoires qui se passent dans des grandes villes de pierres. C'est des villes que des choses ont construites bien avant que les humains soient là.

Sybille en était à son vingtième frisson de la matinée. Une nouvelle fois, elle fit un gros effort pour sourire au petit garçon. Elle se leva en claquant des mains, tentant de feindre l'indifférence.

- Faut faire vite bonhomme ! Va te brosser les dents, le bus ne va pas tarder.

Quand Lino fut parti pour l'école. Elle appela au bureau de Marc pour mettre celui-ci au courant de la situation. Il y eu un long silence avant que ce dernier lui conseille de joindre Sol sans tarder. Quand elle raccrocha, elle se souvint de ce qu'elle avait dit à Sol il y a une dizaine d'années : « J'espère que c'est la dernière fois que nous nous voyons.

- Si ce n'était pas le cas, cela voudrait dire que tout ce que nous avons fait n'aura servit à rien ou que vous avez une sacrée guigne, lui avait répondu ce dernier. »

Elle avait alors posé ses deux mains sur son gros ventre comme pour protéger son premier enfant de cette « guigne ». Debout sur le perron, elle et Marc avait serré la main froide de Sol. Il avait remis son chapeau et avait rajouté :

 « Au plaisir de ne plus vous revoir, alors… ».

Puis il était partit.

Le lendemain Sybille accouchait de son premier fils, Martin. Trois ans plus tard Lino naissait à son tour. Et jusqu'à ce matin, elle avait vraiment cru qu'un jour elle et Marc oublieraient tout.


25/11/2007
0 Poster un commentaire

Mardi 17 Juin, 8H45

Cela faisait une minute que je venais de dessouder la troisième goule quand mon Nokia vibra contre ma poitrine. Au même moment, une quatrième de ces putains de créatures avait décidée de s'inviter à l'intérieur de la vielle église en sautant à travers le vitrail, le faisant exploser en une multitude de lames colorées. Ramassée sur elle-même, cette pute se leva d'un bond et bondit dans ma direction, griffes en avant et sourire aiguisée en guise de bienvenue.

 

Le canon scié en main, je levais la gueule de la sulfateuse vers la goule et lui fit exploser le bide avant qu'elle n'ait le temps de me faire un câlin. Son sang noir constella la façade de l'autel et ses tripes jaunâtres allèrent décorer la croix d'une ribambelle de guirlandes puantes. Autant pour moi Jésus-Christ notre sauveur !

 

Je réarmais et balayais le chœur de la chapelle. Admirez le massacre ! Après des journées d'enquête avant que je me décide au grand nettoyage, j'étais quasiment sur qu'il n'y avait plus d'autres de ces saletés de créatures nécrophages.

 

Mon portable s'était arrêté de gesticuler.

 

Je ramassais mon chapeau et sorti de ce lieu bénit et plastiqué. Quelques minutes plus tard, j'étais dans ma voiture. J'appuyais sur le bouton de ma télécommande à distance. Ce qui eut pour effet de réduire ce petit trésor de patrimoine roman ainsi que son contenu putride en un tas de pierres cramoisies.

 

Je démarrais sans plus tarder et m'engageai sur la départementale. Je voulais mettre le plus de distance possible entre moi et le lieu que je venais de quitter avant que les gendarmes ne rappliquent.

 

Je décidais de consulter ma messagerie sur la route…


02/12/2007
0 Poster un commentaire

Mercredi 18 Juin, 0H15

Le paysage monotone et aseptisé de l'autoroute du sud défilait à toute allure sous la clarté lunaire. Comme d'habitude, je dépassais allégrement les vitesses normalement autorisées. Comme d'habitude, je passais sans transition d'une « affaire » à l'autre, tel ces mercenaires qui vont et viennent, sans état d'âme, ni arrière-pensée.

 

Pourtant, le cas qui allait m'occuper dans les jours à venir n'était pas des plus banal. Je n'avais rien oublié de l'affaire Bésière, une intervention plutôt unique en son genre. A vrai dire, je m'en rappelais le moindre détail. Et le visage de Sybille…

 

Cela faisait 10 ans. Presque jour pour jour.

 

Dire que j'avais fini par croire que nous avions réussi…


03/12/2007
0 Poster un commentaire

10 ans plus tôt…

Je me rapproche prudemment de Sybille en récitant des psaumes.

Son faciès bestial n'a plus rien à voir avec le visage éclatant de la jeune mariée que j'ai rencontré la veille.

Mais L'Etranger ne transforme pas que son visage. C'est son être tout entier qui est à cet instant transfiguré par Sa Présence.

 

J'aperçois le ventre maternel se déformer dans d'abominables convulsions : à l'apostasie de Sybille se joint celle de son enfant encore non-né.

 

C'est pour ce dernier que j'ai le plus de craintes. Mon stratagème risque de lui être fatal.

 

Les liens qui contiennent Sybille sont sur le point de rompre. Je sors rapidement la seringue de son coffret et pratique l'injection telle que me l'a appris le père Antonioni. L'exercice se révèle bien plus périlleux que lors de mes séances d'entraînement. Je dois m'y reprendre à deux fois.

 

Rapidement, la substance se répand dans l'organisme de la jeune femme. A l'instant où le scoop enregistre les premiers signes d'arythmie, la possédée se raidit et hurle d'une une voix anormale et obscène :

« Tu as disjoncté, Sol ! Tu la tues ! Enculé ! Enculé ! »

Je me garde bien de contredire l'Etranger et commence à dire les derniers sacrements…


06/12/2007
1 Poster un commentaire