Le Jeu du Cadex

« Souvenez-vous, il y a mille nuits, lorsque toutes les cités voisines, du Beffroi de Moog au croissant de Nephren, ont siégé et décidé de s'unir. Souvenez-vous comment elles ont envoyé leurs fins Bâtisseurs, les meilleurs parmi les plus grands ouvriers et architectes de tous les royaumes libres. Pas pour restaurer cette ville morne et triste qui est la notre, vous le savez, mais pour l'entourer d'une infranchissable muraille. Mais vous avez faibli et cédé devant la foule. Et au dernier moment, alors que les derniers échafaudages étaient retirés, VOUS, les Douze Sages, avaient sacrifiés les constructeurs et ordonné leur exécution ! » Agur le Borgne allait répondre vigoureusement à ces propos calomnieux mais la main difforme de Guerlain se posa sur son épaule en signe d'apaisement. « Espériez-vous vraiment, à l'instar de la foule fiévreuse, vous emparer des machines et abattre ces murs cyclopéens ? », reprit Azura. « Ou avez-vous cédé, de peur que le peuple vous lapide ? »
– Nous n'avons de compte à rendre à personne, vieille impertinente. », marmonna le chef du Conseil. « Mais peu importe, en définitive, puisque l'insurrection à tourné court. »
– Les assassins arrivèrent trop tard, en effet. », rétorqua la femme d'une voix blanche. « Les équipes principales avaient déjà quitté la ville et fait transféré toutes leurs machines à l'extérieur. Mais dans la cohue, un groupe de Bâtisseurs se trouva prisonnier, livré à la rage frénétique de la populace. »
– Excepté le Gardien… », commenta Oreste. « Il n'a pas donné l'alarme lorsque les meurtriers se sont approchés. Il s'est caché et a fui sur les toits, entendant au loin la fureur des massacres et les malédictions lancées par les siens. Il aurait pu tout empêcher s'il n'avait manqué de courage… »