Les Mille jours
Une nouvelle aube s'était levée sur le rempart et son ouverture béante à l'Est. Et encore une fois, un seul homme pour changer le cour des événements. Il avait donné l'alarme cette fois – bien que ce ne soit pas ce qu'il aurait fait s'il s'était souvenu… A nouveau, il assistait à une vengeance, revanche sanglante mûrie pendant trois années. Et à la fin, il ne restait plus un seul souffle de vie dans la cité.
« Tout cela ne vous aurait donc rien apprit pour que vous réprouviez encore vos erreurs et vos manquements ? », s'écria Azura. « Avez-vous oublié la malédiction que les survivants, à l'abri de l'Autre Coté, lancèrent pendant que leurs frères étaient lynchés et mis en charpie ? Mille jours devront s'écouler avant que nous ne revenions pour ouvrir les murs. », entonna-t-elle d'une voix sépulcrale. « Mille jours pendant lesquels vous tenterez de survivre à la maladie, à la soif, et à la faim. Mille jours pendants lesquels vous méditerez votre crime. Dans mille jours nous reviendrons, et priez pour que la peste vous emporte bien avant. » Azura poussa un soupir désenchanté : « Vous autres avez été témoins de la folie de vos gens, de leur longue et dégradante agonie, de leur malodorante putréfaction ! Cela devrait suffire à vous convaincre… Il fallait nous emmurer et attendre mille jours ! Pour stopper l'épidémie, l'empêcher de ravager le pays ! Mais peu m'importe ce qu'il adviendra. Mes pensées vont à un autre, maudit plus que nous tous. »
Une nouvelle aube s'était levée sur le rempart. Et encore une fois, un seul homme pour regarder le soleil se lever, un seul pour guetter, un seul pour défendre. Le Gardien fautif, condamné à hanter le rempart, à surveiller mille ans le plus vaste cimetière connu des royaumes libres…