Inquiêtude

Peut-être s'était-il inquiété inutilement ?, songea-t-il alors. La femme avait sans doute raison : les failles vont aux murs comme les rides aux vieux…, se dit-il laconiquement avant de se mettre à rougir au souvenir de son emportement irrévérencieux. Il haussa les épaules avant d'admirer à nouveau le mur est, reconnaissant envers ce dieu qui lui accordait un répit, lorsqu'un frisson parcourut son échine.
Il percevait une ombre au tableau, un détail insignifiant qu'il devinait plus qu'il ne le voyait, mais qui présageait néanmoins le pire. Il pressa le pas jusqu'au rempart, gravit les marches quatre à quatre et se précipita vers le mur est pour inspecter la faille.

Une brèche immonde et arrogante se pavanait en lieu et place du créneau balafré. Ce dernier gisait lamentablement de « l'Autre Coté », en un monceau de vulgaires gravats où une famille de serpents avait déjà trouvé refuge.
Il tomba à genoux et se mit à pleurer…

Lorsqu'il eut finit de verser des larmes et de pousser des cris, la voûte céleste et ses myriades d'étoiles avait remplacé le ciel diaphane. Il s'assit à coté de la brèche, sécha ses joues d'un revers de manche et s'installa dans la contemplation de la roue céleste.
Il sentait qu'il ne pourrait pas empêcher le malheur de s'abattre sur le rempart. Et il sentait que ce drame en augurerait un autre, plus terrible encore. Il ne craignait pas vraiment pour les habitants de la Ville – il n'avait que faire de ces imbéciles et ce souciait peu de leur sort… –, mais plutôt pour lui même. Il sentait confusément que son sort était lié à celui du rempart, mais il ne pouvait l'expliquer.
Il baissa la tête et son regard croisa la brèche. Il en eut un haut-le-cœur et ferma ses yeux, cherchant en lui-même une réponse à ses questions.


13/01/2008
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